«  Vous savez moi les comics, les super héros et tout ça, c’est pas mon truc ! »

Voici le genre de propos que l’on peut entendre à propos des comics. Quelle grave erreur ! Le comics est un média beaucoup plus large que ça qui ne se limite pas qu’au super-héros, Wonder Woman, Superman, Spider-Man et toutes leurs bandes respectives. Le comics, ça ne désigne pas que la Bande Dessinée super-héroïque ! Quand on dit comics, on entend toute la production de Bande dessinée américaine. Par exemple, Maus d'Art Spiegelman, ce chef d’œuvre bien connu à la fois biographique et historique racontant la déportation de ses parents à Auschwitz. Eh bien c’est un comics ! Tout comme la bande dessinée ne se limite pas au strip-gag façon Gaston, le comics ne se limite pas qu’aux super-héros et peut regrouper toute une variété de genres. La science-fiction, le western, le polar, le récit historique, le drame sentimental, le récit d’aventure et j’en passe ! C’est une production très riche et hétéroclite.

Mais comment faire pour reconnaître ces comics quand on n’est pas expert ?! Et bien tout d’abord, il faut commencer par essayer de s’intéresser au comics indépendant. Mais bon sang qu’est-ce que c’est que le comics indépendant ?! Ça en fait des questions emboitées ! Le comics indépendant, c’est le comics qui n’appartient pas aux deux grands éditeurs américains qui dominent le marché, Marvel Comics et DC Comics. En France, ils sont respectivement traduits par les éditeurs Panini comics et Urban Comics.

Tous les comics qui ne sont pas édités par ces éditeurs sont considérés comme des comics indépendants. Mais là où ça se complique un peu, c’est que même ces gros géants ont des labels dits indépendants. Comme par exemple le label « Vertigo » chez DC Comics qui a été transposé sous la forme d’une collection chez Urban comics, la collection Vertigo. Vous pouvez également vous intéresser à la collection « Indies » ou « Vertigo » de Urban comics. Et pour le reste, Glenat Comics, Delcourt comics, Casterman, Ankama etc. Malgré le fait que ces comics soient édités par des maisons appartenant à des groupes éditoriaux, on a affaire à du comics indépendant car leur éditeur original est un éditeur indépendant.

Et voilà une sélection de titres en comics indépendants présents dans notre fond.

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Petrograd / Philip Gelatt et Tyler Crook

Pour ce comics, je ne peux pas être objectif tout simplement parce que j’adore le dessin de Tyler Crook ! Ses planches sont magnifiques et la colorisation dans des tons sépia-ocre rend très bien ! On est ici dans de la BD historique qui raconte l’histoire d’un jeune espion anglais à Petrograd, anciennement St-Petersburg, dans les temps troublés de la Russie durant la première guerre mondiale. Son objectif, survivre et faire profil bas pour éviter les tranchées. Mais il recevra comme ordre de tenter de saboter toute tentative de paix entre la Russie et l’Allemagne, mettant ainsi sa position dans une situation délicate, devant tenter d’approcher des hautes sphères du pouvoir impérial Russe.  Ce qui est bien, c’est que ce récit est prenant et contrairement à quantité de récit historique qui peuvent être parfois arides, on ne peut pas vraiment dire ça de Petrograd qui se lit facilement. On reste dans la fiction et non du documentaire rébarbatif. En plus, avec le centenaire de la révolution russe, cette BD est complètement d’actualité. One shot.

Légendes de la Garde / David Petersen

 Si vous êtes  cette série est faite pour vous ! Mais la particularité de ce comics est le fait que les personnes sont des souris anthropomorphes. On suit donc les aventures de ces souris, membres de la garde de Lockheaven, protectrices de la communauté des souris qui entrent en compétition avec les autres races animales qui parfois les dominent et les terrorisent. On ressent vraiment le côté historique et médiéval de ce récit bien que l’aspect animaux anthropomorphes tende vers le fantastique et  En plus, ça rend le récit un peu plus accessible aux jeunes, malgré le fond assez violent, notamment via son format carré qui est un format typique d'albums jeunesse. On sent que c’est documenté. Et puis le dessin est tout simplement super beau avec une très belle mise en couleur. 

Paper Girls / Brian K. Vaughan et Cliff Chiang

Là on part sur du haut niveau ! Que des vétérans, grands nom du Comics sur cette série et le résultat est à hauteur des espérances ! On retrouve cette ambiance des années 80, des films de Spielberg, un peu à la façon de la série Stranger Things. On suit les aventures d’un quatuor de distributrices de journaux adolescentes qui par un concours de circonstances, la nuit d’Halloween, embarquées dans une suite d’événements fantastiques tous plus incroyables les uns que les autres et repoussant toujours les frontières du vraisemblable. Très beau dessin de Cliff Chiang qui met en valeur cette plongée nostalgique que nous propose Brian K. Vaughan. Série terminée en 4 tomes.

Beowulf / Garcia et Rubin

Adaptation de la célèbre épopée anglo-saxonne à de multiples reprises adaptées, notamment au cinéma. C’est sanglant et parfois morbide mais c’est vraiment très beau ! C’est rempli de l’esprit guerrier et téméraire des sagas germaniques, de cet esprit du moyen âge, empreint d’une grande violence. Beowulf, un fier guerrier traverse les mers afin de libérer le roi Hrothgar d’un terrible monstre qui hante ses terres et dévore son peuple en recherche de gloire et de richesses. Mais on se rend compte que parfois, il est peut être aussi monstrueux que les bêtes qu’il chasse. Propos appuyé par l’écriture et le découpage de Garcia. One shot.

Lord Baltimore / Mike Mignola, Christopher Golden, Ben Stenbeck, Dave Stewart etc.

Bon, encore une fois je ne peux pas être objectif avec cette série par ce qu’on parle d’une série de Mike Mignola le papa de Hellboy (avec Christopher Golden comme Co-auteur) dont je suis un grand fan avec son univers et imaginaire inspiré de H.P. Lovecraft,  Bram Stoker et Jack Kirby. Et là, encore une fois, on plonge réellement dans cet univers fantastique cauchemardesque et apocalyptique où l’humanité est menacée par des forces magiques et surnaturelles supérieurs. Je sais pas vous mais moi j’adore ! En plus on reconnaît très bien le style de découpage particulier de tout le Mignolavers (l’univers qu’a créé Mike Mignola autour de la Mythologie Hellboy, bien que justement lord Baltimore ne soit pas dans le Mignolavers, ce qui le rend intéressant pour commencer à s’intéresser à cet univers.) Et puis le dessin de Ben Stenbeck qui rend vraiment honneur à cet univers sombre et horrifique sans parler de la mise en couleur comme toujours fantastique de Dave Stewart. Mais je vais me calmer et commencer à parler du scénario hein ! Ce serait pas mal ! Durant la première guerre mondiale, la peste ravage l’Europe, c’est lié au retour des vampires qui parcourent le continent en se repaissant des vivants et de charognes. Ils sont traqués par Lord Henri Baltimore, un estropié à la recherche du seigneur vampire Haigus duquel il veut se venger pour avoir tué ses camarades lors de la grande guerre puis sa femme. Nous suivons donc Lord Baltimore dans sa traque et face aux forces maléfiques qui défont l’Europe dans ce XX° siècle ravagé par la peste, les vampires, sorcières et autres entités démoniaques. 6 tomes déjà sortis.

Southern Bastard / Jason Aaron et Jason Latour

Les deux Jason, Latour et Aaron, un duo qui dépote et nous plonge dans l’ambiance suintante et la plus violente et déviante du sud des petites villes de province des Etats Unis d’Amérique : ses red nec, son racisme, sa violence, ses petits pontes locaux qui font leur loi etc. On suit l’histoire de Earl Tubb qui revient dans la ville d’Alabama où il a grandi et où son père était shérif : Craw County. Il avait fui ce patelin il y a des années, s’écartant du sud et de l’ombre de son père. Mais une fois de retour, temporaire, pour déménager les affaires de son oncle parti en maison de retraite, il constate que la ville est plus ou moins passé sous la griffe d’un certain « boss ». Il retrouve dans un café et rencontre Dusty qui le reconnait et lui conseille de quitter la ville puis demande à la serveuse à parler à Boss mais c'est plutôt un de ses hommes de main qui vient le voir et l'emmène dans le fond des cuisines, l'arme à la main. Earl les suit et aide Dusty à se dépétrer de cette situation, c’est le début des ennuis. On est dans une réelle plongée dans l’Amérique crasseuse, le rêve américain complètement dysfonctionnel, le foot US comme institution, la malbouffe, les diners, le racisme endémique, la population inculte et analphabète etc. la face sombre de l’Amérique. 4 tomes déjà sortis.

Saga / Brian K. Vaughan et Fiona Staples

Seconde tournée pour Brian K. Vaughan qui signe cette fois en duo avec la canadienne Fiona Staples. Alors là on est sur un gros coup de cœur de toute l’équipe de la BDSL parmi les fervents lecteurs de comics. Saga, c’est LA série à suivre ! Et la bardée de prix que la série reçoit tous les ans n’est pas là pour démentir ce choix. Mais c’est quoi Saga ?! C’est une sorte de Roméo et Juliette placé dans un univers de space opéra complètement débridé où se côtoient les éléments les plus fous ! C’est l’histoire de Alana et Marco tout deux issus de peuples se menant une guerre galactique depuis des années. Ils s’aiment et de cet amour né Hanzel, une petite fille, symbole de réconciliation entre ces deux peuples. Mais la famille fait justement l’objet d’une traque intensive pour trahison et surtout pour détruir ce symbole de paix. Cette série a un côté complètement fou avec des éléments d’une inventivité et imagination indéniables mais aussi une sensibilité et une justesse impressionnante. A commencer par le couple Alana-Marco qui est très bien écrit. Tout n’est pas tout rose, tout n’est pas parfait. Ils s’engueulent, ils se font des reproches mais ils s’aiment vraiment, ont de vrais attentions et de vrais problématiques de parents, des divergences d’idées sur l’éducation de leur fille etc. C’est presque avant tout l’histoire d’une famille et de l’évolution d’une enfant avant d’être une grande saga de science fiction. A emprunter au plus vite ! 9 tomes déjà sortis
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