Visuel "Petite enfance"  de la BDSL
La BDSL participait pour la première fois cette année à la Semaine nationale de la petite enfance. Rencontre avec Pauline Gimonnet et Chantal Franquet, bibliothécaires jeunesse à la BDSL, pour un retour sur cette expérience inédite en Saône-et-Loire.

Temps fort de l’année au service du trio parent-enfant-professionnel, la Semaine nationale de la petite enfance est proposée et coordonnée au plan national par l’association Agir pour la Petite Enfance. Elle a eu lieu du 19 au 26 mars 2022.

Pourquoi avoir inscrit la BDSL dans cette manifestation, à priori peu connue des bibliothèques de Saône-et-Loire ? Quelle est l’origine du projet de la BDSL ?

PG : - On cherchait comment orienter nos actions en direction des enfants de 0 à 3 ans vers Premières Pages, dispositif créé par le ministère de la Culture. La Semaine nationale de la petite enfance nous a servi de porte d’entrée. S’appuyer sur une manifestation d’envergure nationale nous permettait d’initier une action à destination du public des tout-petits et de faire connaître cette manifestation auprès du réseau des bibliothèques du réseau de la BDSL. Un double intérêt…

Comment vous est venue l’idée de faire quelque chose avec des professionnels du livre et de la petite enfance ?

PG : - J’avais contacté Béatrice Jullien, chargée de mission petite enfance qui s’occupait du projet Premières Pages à la Direction de la lecture publique de l’Ain et qui m’avait indiqué que cette formule était très intéressante pour développer des partenariats ou renouer des partenariats endormis. Nous avions aussi accueilli en stage au secteur jeunesse de la BDSL, une étudiante de l’IUT Information Communication de Dijon, qui a réalisé pour nous un sondage auprès de plusieurs bibliothèques départementales. Plus généralement, il y avait un contexte favorable à cette transversalité avec au niveau national, le travail de la commission des 1000 premiers jours et au niveau départemental, le nouveau Plan de développement de la lecture et des bibliothèques 2021-2024 avec la recherche de synergies avec nos collègues des services sociaux du Département. Pour les actions petite enfance, nous sommes en contact avec Emilie Noirot, cheffe du service départemental de Protection maternelle et infantile et de soutien à la parentalité...

Quelle démarche avez-vous mis en place pour construire l’évènement proposé par la BDSL ?

PG : - Il nous fallait d’abord trouver deux partenaires sur deux territoires du département, géographiquement éloignés et, si possible avec une dimension intercommunale. J’étais déjà en contact avec Aline Serain, la responsable de la Bibliothèque municipale de Châtenoy-le-Royal, dont je connaissais l’appétence pour les actions en direction du public des tout-petits. Cette commune est aussi dans une démarche d’offrir un livre de naissance.

CF : - Il y avait la présence de deux micro-crèches sur la commune… Et aussi le contexte dynamique de la communauté d’agglomération du Grand Chalon ainsi que chaque année, l'organisation d'un Salon du livre jeunesse par la Ville de Chalon-sur-Saône et le Comité des foires et salons, avec l’appui des équipes petite enfance et des bibliothèques. 

PG : - En tous cas, notre sollicitation a engagé Aline Serain à participer à la Semaine nationale petite enfance, qu’elle ne connaissait pas auparavant. Pour la Clayette, c’était un peu différent. La Communauté de communes du Brionnais Sud Bourgogne (BSB) a des compétences en matière de lecture publique et de petite enfance et chacun des domaines est coordonné à l’échelle de l’intercommunalité. 

SNPE banniere 2021 468x60

CF : - Nous avons organisé une première réunion sur place, à Châtenoy et à La Clayette, pour échanger autour du projet. Avec des interlocuteurs tout de suite mobilisés et motivés dans les deux endroits : Aline Serain à Châtenoy, et pour La Clayette, Marine Bestel, bibliothécaire jeunesse et animatrice, Camille Mussillier, responsable du service culture et équipements sportifs et Marie-Charlotte Trouillet, coordinatrice transversale enfance / famille à la BSB.

PG : - Notre proposition était déjà structurée : une formation, un spectacle de la Cie "Du Bazar au terminus", des publications et une communication en ligne. La trame était déjà construite, le calendrier était lié à celui de la manifestation nationale. Les jauges étaient limitées à un public de 60 personnes par représentation. Les partenaires étaient autonomes pour communiquer autour de l’évènement. Des informations qui ont intégré un programme semestriel à la BSB ou spécifique à Châtenoy. Les intervenants et les contenus ont été choisis par la BDSL. Les formateurs de l'association Enfance et musique sont très reconnus dans le domaine de la petite enfance. Nous avons hésité avec une proposition sur les comptines ou les chansons, mais finalement nous avons opté pour une formation de base sur deux journées Le livre et le tout-petit  accessible à la fois aux bibliothécaires et aux professionnels de la petite enfance.

Ce temps de formation semble avoir été essentiel pour vous comme pour l’ensemble des participantes…

CF : - Le fait d’avoir ouvert cette formation aux professionnels de la petite enfance et aux professionnels des bibliothèques a permis aux participantes d’élargir ou d’approfondir leurs connaissances du bébé, de découvrir ou redécouvrir des ouvrages adaptés et qualitatifs à leur proposer. Ce qui m’a paru très instructif et riche d’enseignement, ce sont les conseils précieux, issus d’une grande expérience, de Marie Frapsauce, la formatrice d'Enfance et musique, pour mieux nous ajuster, nous adapter en tant qu’adulte aux besoins de l’enfant. Les retours sur cette formation sont très positifs. Tout le monde a été très satisfait. Les participantes sont reparties enthousiastes, redynamisées, pour certaines, avec l’envie d’aller plus loin. Ces deux journées ont été l’occasion de faire le point, de (ré)-interroger nos pratiques. Même si les temps d’échanges entre participantes ont été relativement courts, la conviction de lire aux tout-petits reste forte et partagée.

Formation Le livre et le tout-petit dans l'Espace Co-working de La Clayette - mars 2022

Cette formation a réuni autant de professionnelles de la petite enfance que de bibliothécaires ?

PG : - La même formation a été programmée à Châtenoy et à la Clayette, à chaque fois pour un groupe de 12 personnes. Nous avons essayé de constituer des binômes professionnels issus d’un même territoire : un bibliothécaire en binôme avec un professionnel petite enfance, une expérience encore inédite pour la BDSL ! Sur le Grand Chalon, deux binômes particulièrement dynamiques à Givry et à St-Rémy. Les participantes étaient auxiliaires de puériculture, infirmière puéricultrice, éducatrices de jeune enfants, bibliothécaires salariées ou bénévoles. A la BSB, ce sont les coordinateurs Culture et Petite enfance qui ont constitué les binômes parmi leurs équipes. Certaines m’ont fait remonter des envies de projets ou de futurs partenariats. Une bénévole qui n’osait pas prendre en charge une animation petite enfance a décidé de se lancer par exemple…

Animation pour les tout-petits à la Bibliothèque de Châtenoy (SNPE 2022)
CF : - Le fait de passer ces deux journées dans la bibliothèque que parfois elles ne connaissaient pas, de pouvoir emprunter des livres, de savoir que la bibliothèque organise des accueils spécialement pour les assistants maternels, c'est très positif. L’infirmière puéricultrice de la PMI était très intéressée pour la salle d’attente de ses consultations car « le livre et un bon outil pour contrecarrer les écrans ». C’était aussi l’occasion de découvrir les services de la BDSL, voir un tapis de lecture emprunté par la Bibliothèque de Châtenoy.

Est-ce que cette expérience a modifié votre façon d’aborder la lecture et la littérature pour les tout-petits ?

CF : - La formation m’a convaincue de l’importance du son et de la musicalité des mots dans la lecture pour les bébés. Marie Frapsauce, passionnée, est aussi musicienne. Elle nous a montré que le livre peut se suffire à lui-même s’il est bien construit. Pour le tout-petit, le son, la voix est primordiale d’où l’importance des mots, des rythmes, etc. Lire à voix haute demande pour l’adulte un peu de pratique pour enchaîner les onomatopées, interjections, allitérations, assonances, etc.

PG : - En animation avec des tout-petits, on omet souvent l’importance de prendre le temps d’observer les enfants, leurs attitudes, leurs réactions. Leur laisser le temps d’appréhender la situation et la liberté de s’approcher ou pas. Marie Frapsauce  a une approche à contrepied de ce qui se fait en général. Elle ne réunit pas les enfants autour d’elle. Elle sort un livre, un deuxième livre, elle attend qu’un enfant s'approche, elle lit, l’enfant repart, elle poursuit la lecture, un autre arrive…

Elle ne lit jamais une seule fois un album, c’est toujours au bout de la deuxième ou troisième lecture que l’enfant va interagir, montrer, revenir en arrière. Ce qui l’intéresse ce n'est pas l'histoire mais l’univers sonore, le rythme des mots, ce qui va faire écho avec ce qu’il connaît… Les petits font des associations symboliques d’idées et d’objets qui peuvent nous surprendre. C’est très intéressant ! Chaque enfant a aussi son propre rythme et il est important de le respecter. Avec les bébés, un léger balancement, une vocalise en rythme, un petit mouvement indiquera que l’enfant est dans le rythme de l’histoire. 

Représentation du spectacle jeune public "Un beau matin... " à la Bibliothèque de La Clayette

Deux territoires, une formation, un spectacle, avez-vous développé d’autres actions pour promouvoir la lecture des tout-petits ?

PG : - Nous avons aussi démarré une série d’articles avec un tag Petite enfance pour présenter nos services, des dispositifs nationaux, bref, plein de ressources à destination des bibliothèques et du grand public à destination du public des tout-petits : auteurs incontournables, collections phares, supports d’animations adaptés aux petits… Nous venons de démarrer, il est encore trop tôt pour tirer un bilan de ces publications. C’est un programme qui se poursuivra dans le temps, tout au long de l’année 2022 et qui retrouvera une nouvelle dynamique avec la prochaine édition de la Semaine nationale de la petite enfance en 2023. Enfin, le Département a lancé une campagne de communication avec la diffusion d’affiches adaptées du kit « Ma santé, elle est culturelle» proposé par le ministère de la Culture, sur le thème Les bibliothèques de Saône-et-Loire accueillent les tout-petits !

Comment envisagez-vous la suite ? 

PG : - Rien de sûr encore mais nous espérons d’abord pouvoir enrichir l’expérience de cette première session de formation avec une troisième journée organisée en toute fin d’année 2022 : mêmes groupes, même formatrice pour des retours et partages d’expérience et des pistes complémentaires sur le livre et le tout-petit. Un laps de temps nécessaire à une expérimentation liée à la formation du mois de mars. Peut-être aussi compléter ce cycle de trois journées par un temps de formation à la BDSL sur les supports d’animations accessibles aux bébés…

Pour 2023, l’idée serait d’élargir le cercle des bibliothèques partenaires, en continuant à dynamiser les actions déjà engagées en 2022 et en accompagnant les bibliothèques de l’édition précédente dans leur propre programmation sur les éditions suivantes. La BDSL peut mettre à disposition des supports d’animation avec des pistes d’utilisation et d'animation. Avec le prochain catalogue Tadam !, elle devrait proposer aussi plusieurs spectacles pour la petite enfance, subventionnés à 50%. Et puis par des publications sur le site de la BDSL ou sur les réseaux sociaux, elle peut relayer auprès du public l’ensemble des informations fournies par les bibliothèques inscrites dans la Semaine nationale de la petite enfance, une sorte de référencement à l’échelle du département…

Formation "Le livre et le tout-petit" à la Bibliothèque de Châtenoy - 2022

Au final, quel bilan tirez-vous de cette première participation à la Semaine nationale petite enfance ?

PG : - Ça nous a énormément plu… L’association spectacle et formation était très intéressante et très riche, y compris en amont à la BDSL : porter le projet, aller voir les collègues responsables de la formation, de l’action culturelle, de la communication, des supports d’animation, etc. pour voir s’ils peuvent s’impliquer dans un évènement. J’ai apprécié ce travail transversal au sein de l’équipe, ça enrichit les perspectives.

CF : - Cette expérience était très intéressante et enrichissante sur le plan humain et du contenu. Mettre l’accent sur la petite enfance me parait indispensable pour l’avenir de tous.

 

Publication : avril 2022