Pourquoi une machine qui sert à fabriquer des objets en trois dimensions au milieu des livres ?

Je prends cet exemple de l'imprimante 3D, parce qu''il y en a une qui trône actuellement dans le hall de la BDSL, où elle suscite de nombreuses réactions, mais j'aurai pu aussi prendre celui d'une découpeuse vinyle, de robots à programmer, de casques de réalité augmentée.... tout un ensemble de machines à priori intruses dans un univers consacré essentiellement aux livres, mais qui y sont de plus en plus présentes.


La question dérangeante de cette présence nous renvoie directement à celle des missions des bibliothèques et à l'interrogation fondamentale : A quoi servent les bibliothèques ?


Espaces de culture et d'accès à l'information, lieux de formation et d'apprentissage à la citoyenneté, les bibliothèques ne peuvent qu'être ouvertes à toutes les disciplines et à tous les champs du savoir, dont bien évidement celui des technologiques les plus récentes liées au numérique.
Et si les médiateurs culturels que sont les bibliothécaires, l'inverse fonctionne également, s’ingénient, à placer des imprimantes 3D dans les bibliothèques, ce n'est bien évidement pas pour se lancer dans la production en série d'objets plus ou moins utiles. L'objectif de ces installations est en général de présenter, d'expliquer, de démystifier des technologies dont tout le monde a entendu parler, mais que personne ne connaît réellement, et pourquoi pas de susciter des vocations.


Pour reprendre concrètement l’exemple de l'imprimante 3D, il s'agit, après une explication technique permettant de comprendre l'essentiel de son fonctionnement, y compris en le testant, d'inviter les personnes à s'interroger, à réfléchir sur les enjeux de ces nouvelles technologies.
Les usagers peuvent par exemple être interpellés sur les changements sociétaux générés par la possibilité de fabriquer des objets à partir de fichiers : pour remplacer le bouton du couvercle de la casserole, ou encore de reproduire sans contrainte des objets dont la valeur était jusqu’alors liée à leur rareté : une œuvre d'art.


Si ce n'est pas la conscientisation citoyenne qui est recherchée, alors l'outil peut devenir l'objectif, l'usage de ces nouvelles machines est recherché, afin d'animer des ateliers : un but tout à fait respectable, mais qui relève d'un autre projet, celui de l'animation, une autre mission des bibliothèques.